Une fois de plus, Félix Tshisekedi offre la troublante démonstration d’un double paradoxe : un aveu implicite de son incapacité à redresser l’appareil sécuritaire congolais et un aveuglement politique dont la récurrence finit par interroger.
Ses prises de parole récentes révèlent un chef d’État oscillant entre la reconnaissance tacite des dérives qu’il laisse prospérer et une difficulté manifeste à assumer pleinement les responsabilités qui lui incombent. Cette posture hésitante faite de vérités incomplètes et d’omissions soigneusement entretenues donne à son action publique les allures d’un renoncement méthodique. Loin d’incarner une gouvernance éclairée, elle expose plutôt un pouvoir paralysé par ses propres contradictions.
28 novembre 2025 : un aveu involontaire depuis Belgrade
Ce jour restera comme l’un de ceux où la fragilité du leadership congolais s’est révélée au grand jour. Depuis Belgrade, Tshisekedi a affirmé que les discussions de Doha et de Washington n’incluraient « ni brassage ni mixage » au sein des forces armées congolaises. Une déclaration qui dépasse le simple faux pas diplomatique : elle trahit une méconnaissance profonde de l’état réel des FARDC et un entêtement qui frôle l’aveuglement volontaire.
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La réponse de l’AFC/M23 fut immédiate et méthodiquement calibrée. Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint en charge de la diplomatie et de la justice, a rappelé que l’intégration dans une armée structurellement défaite n’était plus envisageable. Pour le mouvement, l’objectif est clair : refonder des Forces de Défense et de Sécurité au sein d’une future République fédérale, loin des schémas classiques d’intégration dans une institution en décomposition avancée.
Cette ligne a été renforcée par Benjamin Mbonimpa, Secrétaire Permanent de l’AFC/M23, qui a dénoncé la manipulation délibérée de l’Accord-Cadre par Kinshasa. Selon lui, le gouvernement congolais en altère constamment l’esprit pour sauver une façade politique fragilisée par ses propres incohérences. Dans une métaphore saisissante, il a rappelé que ceux qui portent une cause juste ne seront jamais découragés par les calculs d’un exécutif « en décadence morale ».
Un pouvoir en déni face à l’embrasement de l’Est
Depuis plus d’une décennie, les dossiers de Nairobi, Kampala, Luanda et Addis-Abeba recommandaient un brassage progressif des forces armées pour stabiliser durablement le pays. Douze ans plus tard, le constat est implacable : ces mécanismes n’ont jamais été mis en œuvre avec sérieux, et les FARDC restent gangrenées par la désorganisation, l’indiscipline et des défaites à répétition sur le terrain.
Plutôt que de s’attaquer aux racines du problème — corruption systémique, clientélisme militaire, infiltration de groupes armés, effondrement de la chaîne de commandement — Tshisekedi s’enferme dans une gestuelle diplomatique vaine, prononçant à l’étranger des déclarations qui n’ont aucune prise sur la réalité intérieure.
Pendant ce temps, l’Est du pays continue de sombrer : populations déplacées, villages décimés, structures sociales effritées. La dissonance est flagrante entre la gravité du moment et la légèreté politique du pouvoir central.
L’Histoire retiendra…
L’Histoire retiendra qu’à un moment critique, alors que la nation cherchait un leadership lucide et résolu, un Président a préféré les apparences, les formules creuses et la fuite diplomatique aux décisions courageuses qu’exigeait la survie du pays. Elle retiendra que le pouvoir a choisi l’esquive plutôt que la réforme, le discours plutôt que l’action.
Or, la RDC n’a plus le luxe de se perdre dans les illusions verbales d’un leadership désorienté. Elle a besoin d’une vision militaire cohérente, d’une gouvernance clairvoyante et d’une politique de sécurité alignée sur les réalités du terrain.
Chaque hésitation supplémentaire, chaque déni persistant, accélère l’effondrement d’un pouvoir déjà vacillant aux yeux d’une opinion publique lassée des promesses non tenues.
