Afrovera.com: De nouvelles accusations graves émergent du territoire de Minembwe, en Itombwe, où un groupe de civils cherchant à contourner un blocus aurait été violemment attaqué par une coalition de militaires burundais, de soldats FARDC et de miliciens Wazalendo. L’avocat et défenseur des droits humains, Me Moïse Nyarugabo, parle d’un « crime contre l’humanité » et accuse ces forces d’imposer un siège qui affame délibérément la population locale, principalement banyamulenge et bashi.
Selon son témoignage, la population subit depuis plusieurs semaines un blocus total empêchant toute entrée de nourriture ou de produits essentiels. Face à la famine croissante, un groupe composé majoritairement de femmes accompagnées de quelques hommes a pris le risque de traverser les hauts plateaux pour aller chercher de quoi nourrir leurs enfants. Après un voyage d’au moins deux jours, ces civils ont pu acheter une quantité limitée de nourriture avant d’entamer leur retour vers Minembwe.
C’est à l’aube, vers 5 heures du matin, que l’embuscade aurait eu lieu. Me Nyarugabo affirme qu’entre 80 et 100 personnes ont été prises pour cible par une coalition composée de militaires burundais venant du camp de Mikalati, de soldats FARDC et de membres des groupes Wazalendo et Mai-Mai arrivant depuis Kipupu via Kigazura. Surpris et désarmés, les civils se seraient dispersés dans les broussailles pour tenter d’échapper aux tirs.
Une unité du mouvement d’autodéfense Twirwaneho, basée à Mikenke, serait intervenue pour tenter de secourir les personnes piégées. Bien qu’elle ait réussi à repousser une partie des assaillants vers Kipupu, la situation était déjà dramatique pour de nombreux civils, traqués dans leur fuite. L’avocat affirme que des militaires burundais ont poursuivi les rescapés dans les petites forêts environnantes, en abattant certains et en capturant d’autres.
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Le bilan provisoire fait état de quatre hommes tués par des tirs attribués aux soldats burundais et congolais. En outre, selon des sources citées par Me Nyarugabo, environ quarante-cinq personnes, majoritairement des femmes, auraient été enlevées puis conduites au camp de Mikalati, contrôlé par les forces burundaises et FARDC. Seules vingt-sept personnes auraient réussi à regagner Mikenke après avoir tout perdu.
L’avocat rapporte également qu’un appui aérien a été sollicité par la coalition durant les affrontements. Un hélicoptère aurait tiré sur les combattants Twirwaneho. Sur son chemin de retour, alors qu’il volait au-dessus des villages de Minembwe, l’appareil aurait été touché avant de s’écraser dans un lac.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux semblent montrer des militaires burundais et congolais en tenue, parlant respectivement kirundi, swahili et lingala, exhibant des produits saisis tels que du sel et du savon, et s’adressant à des personnes capturées.
Me Nyarugabo condamne fermement ce blocus qu’il qualifie d’arme de guerre destinée à détruire les conditions d’existence d’une communauté précise. Selon lui, empêcher volontairement une population d’accéder à la nourriture constitue une stratégie d’extermination lente et déshumanisante. Il déplore le silence de la communauté internationale, qu’il juge incompréhensible face à des actes qu’il considère comme imprescriptibles.
Pour l’avocat, même si les armées peuvent mener des opérations militaires, s’attaquer systématiquement à une communauté en raison de son apparence ou de sa langue constitue un crime grave qui doit être dénoncé et puni. Afrovera.com poursuit le suivi de la situation à Minembwe et fournira des mises à jour dès que de nouvelles informations seront disponibles.







