Le ministère américain des Affaires étrangères a annoncé ce jeudi matin le changement de nom de l’ancien U.S. Institute of Peace, désormais rebaptisé Donald J. Trump Institute of Peace. Dans un message diffusé sur X, la diplomatie américaine a présenté ce geste comme un hommage à une personnalité jugée déterminante dans la recherche du consensus national. Ce changement marque également une volonté assumée de repositionner Donald Trump comme acteur central de la paix mondiale.
Selon plusieurs médias américains, c’est dans ce bâtiment fraîchement renommé, situé à quelques mètres derrière la Maison-Blanche à Washington, que Donald Trump réunira aujourd’hui le président rwandais Paul Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi pour signer un accord de paix censé mettre fin à la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo. Les autorités du Burundi, du Kenya, de l’Angola, du Togo, du Qatar, de l’Ouganda ainsi que de l’Union africaine ont été invitées à assister à la cérémonie, ce qui reflète l’importance stratégique de ce processus.

Bien que Donald Trump n’ait pas obtenu le prix Nobel de la paix 2025, attribué à María Corina Machado, il multiplie les initiatives pour s’afficher comme un faiseur de paix. Ses efforts diplomatiques s’étendent désormais de l’Ukraine à la RDC, en passant par le Soudan. Mercredi, des ouvriers travaillaient déjà à poser son nom sur la façade de l’institut, préparant ainsi le décor d’une signature historique qui s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer sa stature internationale.
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L’US Institute of Peace, créé en 1984 par le Congrès américain, traversait depuis mars une crise majeure : renvoi de son conseil d’administration par l’administration Trump, procédures judiciaires, suspension de son personnel et fermeture administrative en juillet, accompagnée de la suppression de son budget annuel. Selon le Washington Post, ces décisions ont permis à l’administration Trump de prendre le contrôle total de l’institution, de ses locaux et de ses programmes.
Alors que la signature est prévue à 16h, heure de Washington soit minuit à Katogota et Luvungi les combats se poursuivent encore dans plusieurs zones du Sud-Kivu. Rien ne garantit que les armes se tairont immédiatement après la cérémonie.
Fiston Misona, président de la société civile de Walikale, confie à la BBC un sentiment partagé entre espoir et inquiétude. « Nous nous en réjouissons, mais nous avons des craintes. Si le Rwanda fait preuve de bonne foi, nous croyons qu’une paix durable est possible dans notre pays », dit-il. Il accuse cependant Kigali de soutenir le M23, ce que le Rwanda continue de nier. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, présent à Washington, affirme pour sa part que l’accord représente « une étape vers la paix » et accuse l’armée congolaise de violer les cessez-le-feu convenus auparavant.

Cet accord de Washington intervient alors que les négociations entre Kinshasa et l’AFC/M23 à Doha restent au point mort. Sur les huit points discutés, seuls deux ont été mis par écrit : l’échange des prisonniers de guerre et l’arrêt des hostilités avec un mécanisme de suivi. Aucun de ces deux engagements n’a encore été appliqué.
Les Nations unies et plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, accusent le Rwanda de soutenir le M23, tandis qu’ils reprochent à Kinshasa de collaborer avec les FDLR. Le gouvernement congolais nie tout lien avec ce groupe armé et affirme dissuader ses militaires de coopérer avec lui. L’accord que Kagame et Tshisekedi doivent confirmer aujourd’hui fait plus de quarante fois référence au démantèlement des FDLR, considéré comme un élément central du processus.
Derrière la dynamique diplomatique, se cache également un enjeu économique majeur. Les ressources minières de la RDC cobalt, cuivre, lithium, manganèse, tantale sont évaluées à environ 25 000 milliards de dollars, selon le Département d’État américain. Ces minerais sont essentiels aux technologies modernes et leur contrôle constitue un axe majeur de la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine. Donald Trump a déclaré en juin que les États-Unis obtiendraient de « vastes droits » sur les minerais congolais dans le cadre de l’accord. Des textes complémentaires entre Washington et Kinshasa devraient prochainement offrir un accès privilégié aux entreprises américaines.
La signature de Washington marque un moment diplomatique important, mais son succès dépendra de la capacité réelle des parties prenantes à respecter leurs engagements, à cesser tout soutien aux groupes armés, à démanteler les FDLR et à instaurer une confiance durable entre Kigali et Kinshasa. Pour l’heure, la paix reste une perspective fragile dans une région où les dynamiques militaires continuent de primer sur les promesses politiques.






